ESPOIR 54
Un plateau nu, douze personnages ne sachant pas où aller ni quoi faire
Un treizième les invite à avancer, aller droit devant eux, droit dans le mur peut-être.
Etre là, attendre, meubler le temps de parole dont l’écho ne sert à rien.
Ils semblent avoir perdu tout sens de vie.
Ensemble, comme une foule compacte et solidaire, dont émergent parfois d’étonnantes singularités, mais surtout seuls…
Tous égarés, en quête de sens, de l’autre, ou tout du moins d’un chemin, ils sont enfermés dans cet endroit vide.
Ils cherchent à savoir s’il y a une sortie…
Une troupe atypique et émouvante, conduite comme un navire au milieu des flots et qui dessine une voie originale et d’une profonde humanité.
Il y a d’abord un univers, celui d’une errance et d’une désintégration humaine : l’homme a perdu tout sens de vie. Il n’y a pas d’intrigue mais des personnages présents pour meubler l’attente, contenir le corps au bord du silence et une nécessité absolue de parler ou de marcher dans cette errance pour continuer à vivre. Des images fortes et picturales et presque toujours absurdes et pourtant au milieu de cette souffrance réside toujours le rire nécessaire pour poursuivre.
Il y a ensuite la collaboration de Marie Cambois (chorégraphe) et Virginie Marouzé (metteure en scène) qui consiste depuis plusieurs années à chercher un endroit du jeu et de présence pour l’acteur qui se situerait
– là où le corps dit « malgré soi » au-delà de toute intrigue ou de toute esthétique
– où les mots ne racontent pas d’histoire mais cherchent à dire le réel au plus proche
– où la souffrance et le rire peuvent cohabiter
– où ce qui compte avant tout, est l’écoute de soi et de l’autre dans l’instant et de rendre tout jeu possible à partir de là : en corps et en mots
et là où le silence est toujours prioritaire.
Il y a aussi sur le plateau la présence de douze acteurs riches de leurs différences dont le jeu a été créé dans ce spectacle grâce à un processus d’improvisations mêlées à une écriture au plateau.
Il y a enfin la création sonore réalisée selon le même processus de recherche et d’improvisations par Anthony Laguerre (batteur, guitariste et percussionniste) qui compose en direct et dans la même temporalité que les acteurs sur le plateau.
«OH !» est une rencontre entre le rythme des mots, des corps, du son et du silence de douze acteurs et un musicien dans un plein feux, sur un plateau que l’on dit «nu» au théâtre mais rempli par tous ces corps.
Mots, corps et sons se juxtaposent en direct pour dire l’impossible, le réel et le silence. Un spectacle d’une troublante beauté au fil duquel le rire permet de dépasser l’angoisse. Et qui offre à croire encore profondément en l’humanité.
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